Le siège de Tournai


 

Les habitants de Tournai regardent leur ville comme imprenable et ne se souviennent plus que cette dernière, assiégée par la France sous les ordres de son roi, a toujours été prise. Ils se persuadent que ce n’est ni pour Mons ni pour leur ville que tous ces mouvements se font. Ils croient au contraire que les Alliés ouvrent la campagne par le siège de Lille et que le maréchal de Saxe n’a d’autre but que de se tenir sur la défensive. Les Tournaisiens sont à ce point persuadés de cette rumeur qu’ils offrent aux Lillois de les recevoir chez eux pendant que le duc de Cumberland va faire le siège de leur ville.


Toutefois, le gouverneur de Tournai, par sûreté, fait faire une sortie de cinq cents hommes de la garnison le 26 avril en vue de mettre le feu à ses faubourgs.

Le même jour, le maréchal de Saxe ordonne à ses troupes de faire une fausse marche en direction de Mons. Ce soir-là, une fois l’ennemi trompé, il rabat ses hommes sur Tournai et prend ses quartiers au château de Froyennes. Le quartier du roi, qui doit arriver, est prévu au château de Pont-à-Chin. Maurice de Saxe connaît Tournai : il a participé au siège de 1709 durant lequel son cheval tué se renverse sur lui dans la tranchée. Lors de l’attaque de la citadelle, cette même année, son chapeau est percé d’un coup de carabine.

Les Alliés trompés pensent aider Tournai en envoyant une colonne de secours : leurs troupes se rassemblent sous Bruxelles le mercredi 28 et se mettent en marche vers Lembeek où elles campent le vendredi 30 avril.

Ce soir-là, vers 10 heures, la tranchée est ouverte devant Tournai, aux abords du village d’Orcq, face à la porte dite des Sept Fontaines. Les assaillants ouvrent la tranchée par une parallèle à 200 toises (338 m) de la palissade. Cette parallèle court depuis le chemin de Lille au chemin de Courtrai et embrasse deux ouvrages à cornes. Les Tournaisiens réagissent vers minuit en jetant des pots de feu et aperçoivent les Français à la faveur des vestes blanches des travailleurs.

 

 

 

 

plan tournai 1745

Le samedi 1er mai 1745, le duc de Cumberland quitte Bruxelles, vient passer les troupes en revue à Lembeek et retourne à Bruxelles. Le dimanche 2, les Alliés campent entre Soignies et Cambron.

 

Dans le même temps, devant Tournai, les troupes françaises établissent trois batteries dans la nuit du 2 au 3 mai et doivent faire face dans celle du 3 au 4 mai à une sortie de 1.200 assiégés qu’ils repoussent avec de nombreuses pertes.

 

Le mercredi 5 mai, une bombe française met le feu au magasin de foin de la ville où plus de cent mille rations sont entièrement consumées. Ce même jour, le duc de Cumberland prend son quartier à Cambron, le feld-maréchal de Koenigsegg à Brugelette et le prince de Waldeck à Lens. 

Le vendredi 7 mai, les Alliés quittent Cambron et viennent camper à Moulbaix. Le maréchal de Saxe, précisément informé des mouvements des ennemis, se prépare à les recevoir et va lui-même reconnaître le champ de bataille qu’il leur destine, tire du terrain tous les avantages qu’il peut lui fournir et donne l’ordre à ses troupes de se tenir prêtes à marcher dès l’arrivée du roi. Le même jour, Louis XV, parti de Versailles le 6 mai avec un train considérable, quitte le château de Compiègne où il a passé la nuit. Accompagné de son fils, le dauphin, il arrive dans la soirée à Douai.

Le samedi 8 mai, il quitte Douai à quatre heures du matin, passe par Orchies où il entend la messe à sept heures et arrive à neuf heures et demie au château de Pont-à-Chin. Ce château a finalement été choisi pour le quartier du roi au lieu du château de Froyennes. A trois heures de l’après-midi, le dauphin rejoint son père. L’état-major et la Maison le suivent de peu. L’ensemble comporte un bon millier de personnes, autant de chevaux et de mulets. Entre 15 heures et 15 heures 30, selon les différents témoignages, une bombe française met le feu à un des trois magasins à poudre de la citadelle de Tournai. Trois jours auparavant, les Hollandais y ont transporté cinq cents tonneaux de poudre. Le magasin explose. En plus du bruit, une violente secousse est ressentie. Celle-ci est telle qu’il n’y a pas de maison en ville qui ne perde des vitres ou des tuiles. Les villes avoisinantes comme Lille, Valenciennes, Douai, Ath, Mons, Condé et Courtrai ressentent ce tremblement selon des témoignages postérieurs à la fin du siège. Les vitraux des églises et de la cathédrale volent en éclats.

Dom Denis Cambier, prévôt de l’abbaye de Saint-Martin, se trouve avec son frère au château de Taintignies. Il témoigne : « (…) pendant que nous étions en train de prendre le café, vers 15 heures, le magasin de poudre de la citadelle de Tournai sauta en l’air. Les vitres du château de Taintignies se brisèrent et plusieurs tuiles de couvertures (…) ». En ligne droite, le château de Taintignies est distant d’un peu plus de sept kilomètres de la citadelle de Tournai. Tous les soldats qui se trouvent dans la citadelle sont blessés ou tués.

Le dimanche 9 mai, à 8 heures du matin, un premier bilan fait état de trois cent quatre-vingt-huit soldats morts. En plus de ceux-ci, de nombreuses femmes de militaires demeurant dans les casernes périssent ensevelies sous les décombres. Au cours d’une des attaques de cette journée, le marquis de Talleyrand, colonel du régiment de Normandie, et grand-père du diplomate qui réussit à traverser l’Empire et la Restauration, est tué.

Ce même jour, les Alliés se mettent en marche, longeant les bois de Barry et de Leuze. Ils ne peuvent évoluer autrement car de nombreux champs en amont et en aval de Tournai ont été inondés en vue d’empêcher tout passage de troupes. L’ordre d’inonder les champs en amont de la ville jusqu’à la Scarpe provient du gouverneur militaire de Tournai, le baron de Dorth. Il applique ainsi les principes de Jean de Mesgrigny, ingénieur qui a conçu les plans de la citadelle de Tournai.

 

 

 

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